Le médecin du travail m'a déclaré inapte quels sont mes droits ?
Inaptitude
Droit du Travail

Être déclaré inapte par le médecin du travail est une annonce qui bouleverse souvent les cadres supérieurs. Derrière ce constat médical, une question angoissante surgit immédiatement : vais-je perdre mon poste ? Vais-je encore pouvoir travailler ? L’inaptitude n’est pourtant pas une sanction ni une faute : elle résulte uniquement de l’évaluation du médecin, qui juge que l’état de santé ne permet plus de tenir le poste actuel.
Cette situation ouvre des droits précis : l’employeur doit envisager un reclassement adapté, ou à défaut, engager une procédure de licenciement encadrée par la loi. Les indemnités, les délais et les recours varient selon l’origine de l’inaptitude (professionnelle ou non). Comprendre ces règles permet d’éviter les injustices fréquentes et de mieux se protéger.
Cet article vous explique vos droits en cas d’inaptitude médicale, les obligations de votre employeur et les leviers à activer pour sécuriser votre avenir professionnel.
Un diagnostic qui inquiète : que signifie être déclaré inapte ?
Lorsqu’un médecin du travail déclare un salarié inapte, cela ne signifie pas toujours la même chose. Deux éléments sont pris en compte : l’étendue et la durée de l’inaptitude.
👉 Sur l’étendue :
- Elle peut être partielle : certaines missions restent possibles, mais pas l’ensemble de votre poste.
- Ou totale : vous ne pouvez occuper aucun poste dans l’entreprise.
👉 Sur la durée :
- Elle peut être temporaire, par exemple le temps de vous remettre d’un accident ou d’un traitement.
- Ou définitive, lorsque le retour au poste est jugé impossible à long terme.
Cette évaluation relève exclusivement de la compétence du médecin du travail. Ni l’employeur ni le salarié ne peuvent s’y substituer.
Il est essentiel de rappeler qu’une inaptitude n’est jamais une faute du salarié. Elle ne remet pas en cause vos compétences ou votre valeur professionnelle : il s’agit uniquement d’un constat médical visant à préserver votre santé.
« Être déclaré inapte n’efface ni vos compétences ni votre valeur : c’est une étape à traverser, pas une identité à porter. »
💡 Mon conseil
Avant toute réaction, prenez le temps de lire attentivement l’avis du médecin. Si certains points ne sont pas clairs (nature de l’inaptitude, durée, restrictions), vous pouvez demander des explications ou un complément écrit. Cela vous aidera à anticiper les conséquences sur votre poste et vos droits.
Les obligations de l’employeur après une déclaration d’inaptitude
Lorsqu’un salarié est déclaré inapte par le médecin du travail, l’employeur ne peut pas se contenter d’écarter la personne de son poste, sauf si le médecin indique que tout reclassement dans l’entreprise est impossible. Il a une obligation légale de rechercher un reclassement adapté aux capacités restantes du salarié.
Concrètement, cela signifie :
- Aménager le poste existant si certaines tâches peuvent être conservées,
- Proposer une mutation interne sur un autre poste compatible avec l’avis médical,
- Envisager une formation pour permettre une reconversion en interne.
Avant toute décision, l’employeur doit également consulter les représentants du personnel. Cette étape est obligatoire : elle garantit que toutes les pistes de reclassement ont été étudiées.
⚠️ Si l’employeur ne respecte pas ces obligations (absence de recherche sérieuse, reclassement fictif, oubli de consultation), le licenciement peut être contesté. La jurisprudence rappelle régulièrement que l’entreprise doit démontrer avoir exploré toutes les possibilités (Cass. soc., 5 mars 2025, n° 23-13.802).
💡 Mon conseil
Ne vous contentez pas d’une simple affirmation selon laquelle “aucun poste n’est disponible”. Vous êtes en droit de demander à votre employeur quelles recherches concrètes ont été menées. Conservez une trace écrite de ses réponses : cela peut être déterminant en cas de litige.
Quand le reclassement n’est pas possible : le licenciement
Si, après avoir recherché sérieusement toutes les possibilités, aucun reclassement adapté n’est envisageable, l’employeur peut alors envisager un licenciement pour inaptitude. Cette rupture du contrat de travail doit respecter des conditions strictes.
Les cas où le licenciement est possible
- Absence de poste disponible correspondant aux restrictions fixées par le médecin du travail.
- Impossibilité médicale : lorsque le médecin indique expressément qu’aucun poste ne peut être proposé.
- Refus par le salarié d’une proposition de reclassement jugée adaptée et cohérente avec l’avis médical.
Inaptitude professionnelle ou non professionnelle : une différence clé
La procédure et les droits du salarié varient selon l’origine de l’inaptitude :
- Inaptitude d’origine professionnelle (accident du travail ou maladie professionnelle) : l’indemnité de licenciement est doublée et le préavis, bien que non exécuté, est payé intégralement.
- Inaptitude d’origine non professionnelle : l’indemnité légale ou conventionnelle s’applique, mais le préavis n’est pas dû (il n’est donc pas payé).
Conséquences financières pour le salarié
Même en cas de licenciement, vous conservez le droit à une indemnité de licenciement et à l’indemnité compensatrice de congés payés. Le montant dépend de votre ancienneté, de votre convention collective et du caractère professionnel ou non de l’inaptitude.
💡 Mon conseil
Ne signez jamais un document de rupture sans avoir vérifié le montant exact de vos indemnités. Un accompagnement juridique peut vous éviter de perdre plusieurs milliers d’euros.
Quels sont vos droits en tant que salarié déclaré inapte ?
Être déclaré inapte ne signifie pas perdre automatiquement ses protections. Au contraire, la loi encadre strictement vos droits afin de sécuriser votre parcours professionnel.
Vos droits fondamentaux
- Un reclassement sérieux et personnalisé : l’employeur doit explorer toutes les options adaptées à vos compétences, même si elles nécessitent un aménagement ou une formation.
- Une indemnisation spécifique en cas de licenciement : selon l’origine de l’inaptitude (professionnelle ou non), vous bénéficiez d’indemnités de licenciement renforcées.
- Un préavis payé en cas d’inaptitude d’origine professionnelle : même si vous n’êtes pas en mesure de l’exécuter.
Contester une procédure irrégulière
Vous pouvez remettre en cause un licenciement si :
- l’employeur n’a pas prouvé avoir recherché des solutions de reclassement,
- le poste proposé n’était pas réellement adapté,
- la procédure a été menée trop rapidement ou sans consultation des représentants du personnel.
Recours possibles
Deux voies principales s’offrent à vous :
- Les prud’hommes, pour contester un licenciement abusif ou un manquement aux obligations de reclassement.
- La contestation de l’avis médical, dans un délai de 15 jours, devant le conseil de prud’hommes en référé.
💡 Mon conseil
Ne restez pas seul face à une décision d’inaptitude. Un accompagnement juridique permet de vérifier que vos droits sont respectés et d’agir rapidement si l’employeur manque à ses obligations.
Conseils pratiques pour les cadres confrontés à une inaptitude
Recevoir un avis d’inaptitude peut être déstabilisant. Pourtant, certaines actions simples permettent de garder le contrôle et de protéger vos droits.
1. Lire attentivement l’avis médical
Chaque mot compte : l’avis du médecin peut préciser si l’inaptitude est totale ou partielle, temporaire ou définitive. Ces nuances ont un impact direct sur vos options de reclassement. N’hésitez pas à demander des précisions au médecin du travail si des points restent flous.
2. Vérifier les démarches de votre employeur
L’employeur doit justifier qu’il a exploré toutes les possibilités de reclassement. Vous pouvez demander à voir la liste des postes disponibles ou les démarches entreprises.
3. Conserver toutes les traces écrites
Courriels, courriers, propositions de reclassement, réponses : chaque échange constitue une preuve en cas de litige.
4. Anticiper vos droits financiers
Avant d’accepter un licenciement, vérifiez le calcul de vos indemnités et vos droits au chômage. En cas d’inaptitude professionnelle, les montants sont souvent supérieurs.
5. Consulter un avocat
Un avis extérieur permet de sécuriser vos choix et d’éviter les erreurs irréversibles. Beaucoup de litiges naissent parce que le salarié accepte trop vite une rupture sans vérifier ses droits.
💡 Mon conseil
Ne cédez pas à la précipitation. Même si l’employeur souhaite “aller vite”, vous avez intérêt à prendre le temps de faire vérifier chaque étape de la procédure par un professionnel.
Se protéger face à une étape délicate
Être déclaré inapte par le médecin du travail n’est pas une faute : c’est un constat médical destiné à protéger votre santé. Pourtant, cette situation peut fragiliser votre position professionnelle et donner l’impression que tout est joué d’avance.
En réalité, la loi encadre strictement les droits des salariés déclarés inaptes : obligation de reclassement, indemnités renforcées dans certains cas, possibilité de contester un licenciement ou l’avis médical. Vous disposez donc de leviers concrets pour défendre vos intérêts et éviter les erreurs courantes des employeurs.
Mon message clé est simple : ne restez pas isolé face à une telle décision. Un accompagnement juridique vous permettra de vérifier que vos droits sont respectés, de sécuriser vos indemnités et, si nécessaire, de contester une procédure irrégulière.
💡 Même dans cette étape délicate, vous gardez une marge d’action. Agissez rapidement, et surtout, ne laissez pas vos droits de côté.